samedi 30 avril 2011

L'étrangère - Feo Aladag

     Me retrouvant coincé en ville à cause d'un problème sur ma ligne de tram je me suis retrouvée à errer, comme par hasard, devant le cinéma. Et je me suis laissée tenter par un film qui me faisait de l'oeil depuis quelques temps : l'Etrangère, histoire d'une femme turque qui veut tout faire pour se détacher de la main froid, ferme et violente de son mari, afin surtout de protéger son fils. D'origine allemande, elle rejoint alors le reste de sa famille à Berlin, qui lui réservent un accueil correspondant assez peu à ses attentes. Pris dans les mailles des traditions de la communauté turques, ils voient sa fuite non pas comme une nécessité de survie et une émancipation nécessaire, mais comme une action qui entrainera la honte et la déchéance de la famille.



     Feo Aladag signe ici le premier son premier film, et laisse espérer une carrière longue et prospère. L'Etrangère (de son titre original Die Fremde) est un film puissant et beau qui se livre dans une lenteur parfois pesante, mais qui passera difficilement dans l'oubli....

     En effet si le film subit quelques lenteurs, parfois justifiées (elles ajoutent au propos une certaine "gravité" qui convient très bien au thème traité) mais bien trop souvent lourdes et inutiles. Manquant un peu de rythme, le film subit donc parfois les aspects négatif de ce choix : on s'ennuie un peu, on attend que sa passe, on a aussi trop le temps de prévoir (même s'il ne s'agit pas d'un film à suspens, en ajouter un peu n'aurait pas été une trop grande peine). 

     Cependant on pardonne facilement : L'Etrangère gagne en crédibilité par le fait que le scénario se laisse la possibilité d'observer et de comprendre. On observe d'ailleurs d'autant mieux que la mise en scène, la photographie et l'esthétique générale du film est réussie. La musique n'est pas pesante et l'image est délectable. La compréhension, elle, passe par cette immersion dans des traditions parfois obscures, celle d'une communauté turque qui fait face à ses propres contradictions. Une famille visiblement aimante doit faire face à la honte qui pèse sur elle et qui va entrainer des actions qui ne laisseront aucune place au bonheur. Si l'on excuse rien, et si le dénouement reste tragique, le traitement du problème à le mérite de ne pas être simpliste, de ne pas s'enfoncer dans les clichés moralisateurs, et d'être le plus étendu et le plus neutre possible. Si la douleur de Umay (cette femme en fuite) est mise en avant et soulignée, la douleur de sa famille est traitée sans masque, et donne au film une dimension supplémentaire.

     L'Etrangère c'est aussi l'occasion de découvrir de très bons acteurs, car ils sont tous également crédibles et sensibles. Les prix obtenus par Sibel Kekilli grâce à son interprétation majestueuse, juste et forte, semblent mériter et annoncent d'autres jolies surprises.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire