mardi 19 avril 2011

Pina - Wim Wenders

Pina Bausch
     Le langage de la danse reste un mystère à mes yeux. Le mystère s'est encore intensifié après avoir vu le film documentaire Pina, sur la chorégraphe allemande Pina Bausch, à qui le milieu artistique rend hommage depuis son décès, en juin 2009. Comment est-ce possible que je sois à ce point sensible au langage du corps et de la danse alors que mon corps à moi reste un tel fardeau à mes yeux? Et je ne saurais traduire ce que j'ai pu ressentir, ce qui s'est emparé de moi, simplement parce que le vocabulaire des mots est impuissant. Il est même difficile de concevoir, en idée précise, ce qui s'est passé sous mes yeux.

    Mais le fait est que ce temps passé devant des passages de chorégraphique époustouflantes m'a retournée.



     Si j'ai jusqu'ici eu un point de vue très "négatif" sur la 3D (et plus particulièrement sur le miracle qu'on semblait en faire) je reste totalement admirative devant ce que cette technologie a pu permettre de rendre en filmant des scènes de danse. Les points de vue, les plans, le relief donnent à la caméra des pouvoirs incroyables que l'oeil humain n'aurait pu reproduire face à une scène. Loin d'appauvrir la mise en scène et le travail de chorégraphie, les plans, ici, sont le résultat d'un tel travail et d'une telle subtilité que le résultat n'en est que plus beau encore.

     Au delà de l'hommage à Pina Bausch (rendu avec beaucoup d'émotion par la troupe) il s'agit, visiblement, d'exporter la scène, de l'amener au delà, de la faire grandir. Voilà que la danse se retrouve dans un train, qu'un carrefour entre les autoroutes s'autorise la présence d'un couple de danseur... Partout, le langage du corps s'exprime tel que pourrait le faire le langage des mots. Voilà peut-être ce qui m'a plu avant tout. Le spectacle qui vit.

     Cependant parfois justement, l'émotion était telle que le film, peut-être, souffrait de ne pas assez "s'attarder". Je ressors avec une certaine impression de frustration. Il n'y a pas de réelle fin, ou du moins, il n'y a pas assez de place laissée à la fin des "actes de danse". Si le film dans son entièreté suit une certaine direction, les passages de danse s'enchainaient parfois dans une sorte de fouillis et de précipitation qui ne laissent parfois pas le temps de reprendre son souffle.


     Une chose est sûre c'est que ce film a créé en moi un désir qui était resté pour l'instant silencieux, celui de découvrir cette région de l'art. Le corps qui s'exprime et qui révèle, de façon intense, une âme qui, quelque part, cherche à s'envoler. Loin de moi l'idée d'associer danse et harmonie entre âme et corps. Peut-être que je me trompe mais j'ai vu, a bien des reprises, une force qui semblait manipuler le corps afin de s'en échapper... Et cette force là a besoin d'une telle subtilité que je n'ai pu la trouver qu'ici, mais de manière si belle...

3 commentaires:

  1. Oh, bel article! Je suis contente qu'on se retrouve aussi sur ce point! La danse fait passer des émotions incroyables et ce film arrive à retransmettre tout ça, sans rien appauvrir. Et puis la danse de Pina Bausch est vraiment extraordinaire je trouve. J'ai adoré Le sacre du Printemps et les extraits de Vollmond. Elle arrive à faire passer une multitude de sentiments, de la douleur au corps qui exulte. Je n'arrive même pas à mettre des mots sur tout ce que j'ai ressenti en voyant ce film..

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  2. D'ailleurs c'est dommage que le contenu réservé à la danse, sur internet, soit si pauvre ! J'ai voulu retrouver des extraits de spectacles pour revoir certains danseurs qui m'ont époustouflée, mais pas moyen de mettre la main sur quoique ce soit... :(

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  3. J'ai lu que Pina Bausch n'aimait pas trop l'idée de filmer la danse, et donc il existe peu d'enregistrement de ses oeuvres..

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