jeudi 21 avril 2011

Tomboy - Céline Sciamma

     Laure vient à peine d'emménager lorsqu'elle fait la connaissance des enfants de son quartiers. Sous une impulsion un peu mystérieuse mais qui n'est autre que le résultat de sa tendance à ne pas s'identifier à son genre (féminin, donc), elle se présente comme étant Michael, un garçon. Se créé alors, dans la bulle temporelle que constitue les vacances d'été, une sorte d'atmosphère nouvelle, secrète, une sorte expérience intime. C'est cette ambiance fermée qui constitue l'une des forces du film, et qui en fait un terrain de jeu et de réflexion.

Lisa et Laure/Michael

     

     L'un des traits les plus puissants du scénario est d'avoir donné à Lisa, une voisine de Laure, le rôle du spectateur, d'une certaine manière. Celui qui serait allé voir le film uniquement attiré par l'affiche ou le titre aurait été tenté de penser, dans un premier temps, que cet enfant qui est représenté n'est autre qu'un garçon. Du moins, on ne peut pas réellement savoir. Et on se laisse très vite prendre au jeu : ce "Michael" est si crédible qu'il n'y a aucune raison de douter. Il devient même étrange de voir Laure "tester son corps" devant son miroir, essayant d'y trouver des signes de féminité, ou de masculinité, bref, quelque chose qui lui dise où est sensé être sa place. Et lorsque Lisa prend, instinctivement, Laure pour un garçon, elle lui donne sans vraiment le savoir une éprouvette grâce à laquelle Laure va, durant tout ce film, tester, jouer, découvrir.

     Et le film se développe ainsi, tisse sa toile, sème le doute. Le secret que nous partageons nous égare, nous qui la voyons à la fois dans son rôle de garçon que dans son rôle de fille. Où joue-t-elle? Est-ce avec ses camarades ou avec ses parents? La force du film réside aussi dans le choix de Céline Sciamma de ne pas traiter le sujet avec une gravité qui aurait pesé sur l'ensemble de l'intérêt du film. Le réalisme de cette "chronique" et son implacable force poétique donnent à ce film la capacité d'émouvoir et de toucher sans bousculer, sans violence. Ce n'est pas un film choc, c'est une chronique attentive aux détails et à la subtilité, et l'intelligence du film en ressort alors grandie.

Zoé Héran, qui joue Laure/Michael

     Il est nécessaire, enfin, de souligner le jeu assez incroyable de Zoé Héran. J'avais d'ailleurs, dans les débuts du film, fait un parallèle imaginaire entre le dernier Sofia Coppola (Somewhere) et Tomboy. Sûrement à cause de la présence, dans les deux films, d'une jeune actrice. Cependant si Elle Fanning livrait, dans ce film, un jeu fade et niais, Zoé Héran montre elle une véritable prestation, impressionnante et forte. Bref, rien à voir, au final. Et je tiens enfin à insister sur la beauté de la relation qui lie Laure à sa soeur. Une relation puissante et qui apporte énormément au film. 

2 commentaires:

  1. J'avais déjà très envie de voir ce film, maintenant je suis impatiente!

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  2. Argh, j'espère que tu ne seras pas déçue ! :D.

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