vendredi 24 juin 2011

Paris est une fête - Hemingway

     Comme souvent, les lectures que je retiens sont celles qui me marquent déjà pour leur forme et leur intérêt propre, mais aussi parce qu'elles ont un rôle, ou du moins qu'elle font écho à un symbole qui est "d'actualité" pour moi. C'est sans doute ce qui m'a amené a lire Paris est une fête, de Hemingway, après avoir vu Midnight in Paris, et après avoir déposé un dossier de candidature pour une licence à Paris. Aujourd'hui que je sais que je suis en effet admise à suivre cette licence (pour ceux que ça intéresse c'est une licence de lettres modernes mais agrémenté de deux options artistiques, j'ai choisi cinéma et musique) je n'ai pas l'impression de forcer le destin, ou le hasard, ou la superstition, ou quoique ce soit d'autre, en parlant de ce livre. Paris est une fête est en effet le récit fait par Hemingway des années qu'il a passé à Paris, vers 1920, avec sa femme Hadley et leur fils. Il y raconte ses rencontres, mais aussi la ville, son travail d'écrivain, des tableaux de poésie, etc...


     Si ce livre m'a touché c'est parce qu'il décrit une "ville" qui est Paris mais qui, finalement, pourrait aussi être une autre. Je ne cherche pas, par là, à enlever du charme à Paris ou à dire que cette une ville transparente. Mais je trouve que son récit nous en apprend aussi bien sur la vie en ville en ce temps là que sur la vie à Paris des années 20. Pourquoi? Simplement parce qu'il y a plusieurs "Paris" au même titre qu'il y a plusieurs villes. L'exemple du contraste entre la vie d'Hemingway et celle que semble pouvoir s'offrir Fitzgerald est par exemple assez parlante (même si cette différence s'exprime aussi dans leur relation, dans leur littérature...). C'est ce genre d'éléments qui font que Paris est une fête n'est pas simplement une ode à la ville lumière telle qu'on pourrait en trouver des dizaines, c'est ce genre de subtilité qui font que ce livre n'est pas simplement le récit d'un décor de carte postale. Le récit est fin, touchant, plaisant, mais il n'est pas nécessairement pour autant en accord complet avec les clichés (dans tous les sens du terme) que l'on pourrait faire de Paris. 

     Ce qui m'a cependant le plus touché dans le livre ce n'est pas la description de Paris, qui n'est faite finalement qu'en "filigrane", non ce qui m'a émue c'est les relations telles qu'Hemingway les décrit. Qu'il soit dans le simple portrait de ses fréquentations ou dans l'explication un peu plus détaillée de son sentiment face à ses relations, on trouve dans son écriture quelque chose de touchant, de respectueux et de profond. Il y a plusieurs exemples à cela : il tente, par ce livre écrit dans les années 60 (juste avant sa mort) de revenir sur ces années, et peut-être, d'y trouver un certain apaisement, qu'il semble en effet atteindre lorsqu'il semble s'adresser dans l'espace de quelques phrases à Hadley, sa première femme, dans une déclaration touchante de ce que devrait être l'amour. A l'inverse, lorsqu'il conte en long, en large et en travers ses escapades avec Fitzgerald, ou même lorsqu'il livre au lecteur le regard qu'il porte sur Zelda Fitzgerald, je n'ai pu personnellement m'empêcher de sentir comme un réconfort dans ses mots. Pourtant ils ne sont pas toujours doux, il présente Fitzgerald comme un fou presque furieux mais surtout bien trop hypocondriaque mais pourtant ce portrait reste emprunt d'un espèce de respect pour l'homme, lui, et les autres, qui donne un relief poétique aux aventures rebondissantes.


     Au delà du témoignage historique et symbolique (d'une période, d'une génération, de l'homme de l'après guerre...) Hemingway livre ici un témoignage de son individualité qui reste intéressant aussi bien au plan auto-biographique qu'au plan poétique. C'est ce qui fait le charme et l'intéret de ce livre qui plaira aussi bien aux amoureux de Paris qu'aux amoureux tout court.

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