mercredi 22 juin 2011

Beginners - Mike Mills

     Beginners n'est ni a proprement parler une comédie ni a proprement parler un drame. Beginners c'est un film qui mélange les genres et bien évidemment, ce genre de construction en dehors des genre me plait. Oliver vient de perdre son père, Hal, qui avait récemment fait son coming-out, et rencontre Anna lors d'une soirée costumée. Ewan McGregor y joue, accompagné de Mélanie Laurent, avec justesse un homme qui se retrouve confronté à l'immersion du passé dans le présent, et à la difficulté de dépasser. Il me semble en effet que le thème du "temps" est en effet un élément primordial dans ce film.


     Le scénario en lui-même, ou plutôt la façon dont l'histoire est mise en scène, le démontre déjà. Le passé et le présent se retrouvent de façon assez embrouillée et floue. Les "flash back" ne sont pas montré comme tels mais sont bel et bien constamment intégré à la narration du présent. Et je trouve cette idée riche et sincère : nous faisons constamment des parallèles entre présent et passé. Je ne parle pas simplement de ne pas arriver à surmonter les difficultés passées (le deuil, l'absence) mais je parle aussi simplement de ne vivre l'instant présent que pour lui-même. Et finalement tant mieux. Notre capacité à relier notre vie présente aux éléments déjà vécus n'est qu'une preuve de plus de notre individualité. Et cette individualité là est en effet mise à l'honneur, dans Beginners. Bien qu'elle soit aussi réévaluée. On découvre au fur et à mesure du film à quel point l'influence des parents d'Oliver a été grande. Quelques éléments touchants et amusants qu'il reprend dans sa relation avec Anna sont purement et simplement des reprises de choses déjà vécues. En dehors de ce déterminisme évident, on découvre surtout une famille originale et touchante elle-aussi.

I'm gay.

     Évidemment, un mariage entre un homme homosexuel et une femme juive qui renonce a sa religion ça apporte son lot d'originalité et d'anormalité. Hal est très drôle et se révèle être un personnage et un père remarquable parce qu'il a une façon certaine de se battre, assez admirable. La mère d'Oliver, elle, morte bien plus tôt, a fortement marqué l'histoire d'Oliver, son comportement et son attitude. J'ai trouvé son personnage - une femme qui fait face a un mariage non-passionné et presque trop "raisonné" - assez intense ! 

     Reste cette histoire avec Anna, une histoire dont on ne sait finalement pas ce qu'elle va réussir à donner, a part quelques moments de poésie, de confidence parfois - mais une confidence par le jeu, qui reste donc pudique et distante. Cependant j'ai été touchée par la relation car elle est très naturelle, ni dramatique ni intensément passionnée. Ce sont principalement deux personnes qui s'amusent et qui se répondent assez bien pour créer une complicité plaisante. 

Oliver et Arthur en pleine conversation
     Beginners c'est aussi un film plein de bonnes idées : j'ai par exemple beaucoup apprécié l'espèce "d'interlude" d'images "vintages" présentant de façon symbolique le ciel, les étoiles, le bonheur, la vie... dans les différentes périodes (la génération du père, celle du fils...). Le projet de "l'histoire de la tristesse" qui revient à plusieurs reprise est lui aussi assez remarquable ! Quant au chien, toujours de bon conseil (si si, vous devriez écouter votre chien plus souvent) il reste l'un des éléments les plus drôle et les plus léger du film !

     Beginners est indéniablement un film moderne (il présente un couple qui cherche l'originalité, un illustrateur - pas vraiment artiste, pas vraiment publicitaire - un couple gay qui se noie dans la communauté gay, des gens paumés, etc etc...) mais il arrive tout de même à se détacher de ces "clichés" pour créer quelque chose de plus riche, de plus profond et au final de plus touchant. Et, aidé par le jeu formidable des acteur, Beginners est à mes yeux un film à voir et à revoir.

1 commentaire:

  1. "Dis-lui que les ténèbres nous engloutiront si rien de radical n'advient sur-le champs"
    le Jack Russel.
    Ce film m'a énormément plu, tu en parles bien je trouve

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