Minuit à Paris - Woody Allen

     Bon bon bon d'accord, j'ai un peu abusé de ma "pause Paris". C'est vrai je l'avoue. Mais hé, allez pas me dire que vous vous étiez ennuyé avec Norman quand même hein?

     Bon, je ne reviens pas les mains vides. Je vous proposerai dans les jours qui viennent une petite revue sur l'expo, actuellement au louvre, portant sur Rembrant et la figure du Christ, et je posterai aussi sans doute mon avis sur l'expo Kubrick à la Cinémathèque française, mais aujourd'hui je vais surtout vous parler du dernier film que je suis allée voir au cinéma : Minuit à Paris, le film de Woody Allen qui a fait l'ouverture du festival de Canne (il fallait bien que j'en parle, de ce festival, quand même !)

     Si je n'ai jamais été fantastiquement emballée par l'univers de Woody Allen quelques uns de ces films m'avaient tapés dans l'oeil, dont Whatever Works, une comédie à la fois attachante et cynique. Même si j'avais été très déçue par Scoop et Match Point, tous deux des films ennuyeux et prévisibles, ni très drôle ni très marquants, j'ai quand même décidé de me rendre en salle et de rire, parce que j'en avais bien l'intention. Je ne savais à ce moment là rien de l'histoire, j'avais juste ouï dire que Carla Bruni jouait dans le film et ça ne m'avait procuré comme unique sensation un petit rictus moqueur. Il s'avère qu'elle a été, pour ainsi dire, une de mes seules déceptions dans Minuit à Paris.

     Non pas que ce film soit formidable en tout point. En réalité c'est un film qui ne marque pas, que l'on oubliera, qui traine un peu, mais qui ne comporte pas de réelle tache ni de réel défaut marquant, et qui fait simplement rire en utilisant des ficelles simples...

     Comme presque à chaque fois que Paris est filmé il l'est par des clichés, des trucs d'une banalité un peu affligeante mais qui vont permettre de donner une identité accessible et very pop. La première "scène" si l'on peut appeler ça ainsi en est d'ailleurs bien représentative : une suite de cliché (au premier sens du terme, des photos) des éléments touristiques qui font que Paris est Paris "n'est-ce pas". Rentrant donc dans des images préfabriquées, des fantasmes en fait, la ville se place comme centre de tout un scénario un peu longuet. Longuet justement parce que vient un moment où l'on a du mal à excuser ce déballage de références, que ce soit à la ville en elle-même, ou aux personnages d'époques, etc etc... Mais ça colle pourtant parfaitement ! 

     L'aperçu qui est fait par Woody Allen de l'univers dans lequel se promènera le héros est suffisamment complet sans être non plus trop lourd, et c'est en cela que les clichés sont non seulement une aide précieuse mais au élément comique qui fonctionne. C'est le cas aussi pour les personnages qui ne sont autres que des caricatures sur pattes (mais des caricatures tellement réaliste !) - on a le prof pédant et "cultivé", ses fans girls, et le romancier moderne qui aurait d'ailleurs pu être joué par Marc Levy. Si l'on ne s'extasie pas devant la profondeur de leur âme, on sourit en revanche devant les situations qu'ils sont amenés à vivre et même, parfois, on se laisse surprendre par la finesse de quelques situations.

    Au final cette accumulation de cliché amène a une chute plutôt intéressante, plutôt réaliste, assez drôle, fine, subtile et vraie pour que l'on pardonne. S'il est vrai que la chute aurait pu être plus développée, que l'accumulation aurait pu être réduite, cela n'enlève rien à la qualité du film, qui sans briller de milles feux (!!) reste une bonne comédie, pas idiote et surtout très légère.

     Et n'oublions pas de souligner la présence bien agréable d'Alison Pill, actrice qui m'avait déjà tapé dans l'oeil dans Harvey Milk, ainsi que dans Scott Pilgrim (mais siiiiii!). Ca faisait plaisir de la revoir là, non seulement elle est magnifique mais je la trouve toujours très juste dans ses personnages. 

Alison Pill et Owen Wilson

     Objectif atteint, donc, même si j'avoue que cela ne me suffit pas à comprendre le succès...