lundi 16 mai 2011

Tree of life - Terrence Malick

     Lorsqu'on m'a demandé à la sortie du film ce que j'en avais pensé j'ai juste répondu "je ne sais pas". Ceux qui me connaissent sauront que ce n'est pas trop mon genre, de ne pas profiter du fait qu'on me demande mon avis pour le donner en long en large et en travers. Mais j'étais vraiment paumée. Le film comporte autant de bon que de mauvais moments, il a créé autant de regret que d'admiration, chaque chose appréciable à fini par me souler un peu et chaque point négatif a finalement amené une surprise positive (petite mais présente). 


     Si j'ai été attirée par ce film, dans un premier temps, ce n'est non pas pour le nom du réalisateur (que j'ignorais d'ailleurs) ni même pour Brad Pitt (que je n'ai jamais trouvé hautement formidable, mis à part dans Babel et dans L'étrange histoire de Benjamin Button) mais pour la présence de Sean Penn. Grosse erreur ! Ce n'est pas qu'il joue mal c'est qu'il est absent.



     Les premières minutes du film m'ont d'abord donné un espoir solide pour la suite, en jonglant avec finesse et subtilité entre le son, l'image, l'émotion des acteurs, et l'évènement en lui-même. Un début prometteur qui s'interrompt brutalement pour laisser place à une sorte de diaporama d'images semblant avoir été piquées à la fois dans Océan (le film) et dans "La terre vue du Ciel". On y mêle un peu de dinosaure et quelques apostrophe à Dieu susurrée par la mère (de Jack, qui n'arrivera réellement dans le scénario que bien plus tard) et voilà que le tour est joué : une pseudo réflexion sur les début de la vie, sur l'émergence de l'homme, sur tout un tas de trucs. Pseudo? Pas tant que ça en fait. Absorbée par l'ennui que provoquaient en moi ces images (certes pleines de grâce et de beauté mais tout de même...) je me suis surprise à penser "mais pourquoi a-t-on besoin de voir des hommes, des propos expicite et un discours construit pour apprécier un film?" Car il s'agissait bien de cela, au fond : l'absence de l'homme et l'absence d'histoire me faisait m'impatienter. Alors que, peut-être, ces images de volcans qui explosent et de galaxies, en disent autant si ce n'est plus que n'importe quel conte. C'est le côté conceptuelo-intellectuel du truc. Je n'ai personnellement pas réussi à m'y plonger réellement, peut-être que d'autres auront vaincu, mais le côté catalogue de cette suite d'image aura simplement créé en moi l'envie de plus en plus grande que l'on passe à autre chose. Et, bien heureusement, après une longue, pénible et un peu inutile introduction contemplative, les choses démarrent enfin.

Poster US du film qui montre bien LE grand défaut du film :
l'accumulation volontaire d'image pour l'image

     On a alors le droit à un film qui passe beaucoup de sens dans l'implicite, qui montre les choses et laissent deviner leur signification. On voit Jack grandir, se construire autour d'un père autoritaire (sensé représenter la "loi naturelle") et une mère aimante (qui incarne la grâce) et l'on comprend le pourquoi du comment sans qu'il n'y ait ni coup d'éclat ni coup de mou : cette partie du film est, à mes yeux, une vraie réussite. Pourquoi ne pas s'être contenté de ça? Sans doute pour innover, mais plus probablement pour se la péter (quoiqu'à la réflexion, les deux sont sans doute intimement liés...). En plus de traiter de façon remarquable son évolution, Terrence Malick a filmé un garçon touchant, et ce avec beaucoup de justesse. C'est d'ailleurs l'une des grandes qualité, semble-t-il, du film : ses personnages, leur richesses et leur profondeur, ainsi que leur réalisme. Que ce soit les parents ou les enfants ils sont tous, à leur manière, suffisamment brillant pour faire oublier l'ennui de la première partie du film. Je ne m'attarderai pas trop à souligner la beauté de Jessica Chastain simplement parce que si elle incarne à la perfection la "notion" de grâce que le film cherche à mettre en avant, son personnage l'amène justement à en sur-jouer et c'est finalement assez lassant (tout comme l'étaient les images de l'introduction du film, belles mais qui perdaient de leur éclat à mesure que les images s'accumulaient). 

     La grande déception concernant cette partie du film est qu'elle s'arrête d'un coup, brutalement, pour une fin "bâclée" et assez floue, peut-être trop "clichée" aussi. Alors que le film arrivait au point sensible où l'on voit Jack devenir un peu adulte, quitter le "je fais ce que je veux" pour construire des relation fraternelle touchante et forte, tenter finalement "d'éduquer" son père en lui montrant qu'avec douceur on arrive aussi à quelque chose, c'est à ce moment clé que le film plonge dans une dimension oubliée (l'âge adulte de Jack) sans transition et sans plus de sens que cela. Les liens familiaux qui étaient au centre du film se trouvent abandonnés de la même manière que la question du deuil avait été oubliée dans toute cette partie du film.

     Enfin, j'ai eu du mal à comprendre à l'intérêt du "Jack adulte". Les films créés sur les flash back me laissent toujours un goût amer : on ne sait finalement pas grand chose de l'adulte mais je trouve un peu douteux qu'on nous présente un homme qui, sans raison apparente, se met à penser à son frère et à son enfance, et à y penser tellement que ça prend toute la place. Le vague enrobage de "mysticisme" que l'on retrouve comme "justification" pour évoquer tout ceci est assez peu convaincant (ou alors c'est moi qui suis difficile à convaincre) et augmente un peu plus l'impression que la conclusion est ratée. On ne sait pas le pourquoi du comment on en est arrivé à évoquer toute cette histoire, qui, même si elle est convaincante en elle-même, se retrouve prise entre une introduction ennuyeuse et une conclusion qui démontre l'essoufflement certain du film. 

     (Je n'ai volontairement pas parlé du développement fait sur les valeurs religieuses, parce que je n'ai pas envie d'y impliquer mon avis et que je ne saurais pas être "objective" sur le sujet)

     Un dernier mot enfin sur la bande sonore qui m'a convaincue et scotchée de bout en bout. Une petite merveille, pour le coup.

1 commentaire:

  1. J'ai été le voir la semaine dernière (sauf que moi c'était pour Brad Pitt :p) et honnêtement je ne savais pas trop comment décrire ce que j'en avais pensé, figures-toi qu'en lisant ton article, c'est exactement ça. C'est exactement les mots que je n'arrivais pas à mettre sur ce film. Il laisse un goût de non fini, on reste sur notre faim et c'est dommage car, comme toi, j'ai réellement apprécié la partie du film où l'on voit l'enfance de Jack et j'aurais limite eu envie qu'il y ai moins de scènes de contemplation et plus d'histoire comme ça.

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