vendredi 20 mai 2011

Amarcord - Fellini

     Signifiant littéralement "Je me souviens", Amarcord, film réalisé par Fellini en 1973, n'est pas réellement un film autobiographique, mais il s'en rapproche. Grand "menteur" (c'est ainsi qu'il se défini lui-même) Fellini n'a jamais livré la véritable histoire de son enfance, ou de son adolescence. Ce "je me souviens" est en fait plus lié au rêve qu'à la réalité. Plus que de se souvenir, Fellini, à travers ce film, "illustre" son adolescence grâce aux figures mythiques qu'il a découvert à cette époque et qui n'ont cessé de le poursuivre.

     L'un de ces éléments symbolique est sa ville d'origine, Rimini, qui est ici prise comme scène pour son film. S'ouvrant sur les rituels du printemps, ce film débute sur une touche plus optimiste qu'humoristique, mais impose dès les premières minutes le rôle central des saisons et des attitudes "populaires" qu'elles provoquent. Que ce soit l'arrivée du printemps ou l'arrivée des premières neiges, on voit se rassembler les esprits, dans une sorte d'union inconsciente : même si les réactions sont différentes (les enfants jouent et font des batailles de neige tandis que les "grands" grognent), elles démontrent l'intérêt portés à ces éléments, ce qui est, bien sûr, une manière de peindre le village pittoresque dans ce qu'il a de plus "classique".



     Ce choix pour sa scène d'une ville de campagne n'est pas innocent. En dehors du fait qu'elle soit liée à son enfance (puisqu'il y a grandi), cette ville, de par son éloignement de la capitale, est touchée de façon plus forte et plus présente par les fléaux qui touchent alors l'Italie : le fascisme ainsi que le fossé toujours plus creusé entre la richesse et la pauvreté. Deux scènes sont particulièrement parlante à ce propos : l'une d'elle représente l'arrivée du Duce à Rimini, dans la fanfare et acclamé par la foule. Petit moment de propagande ironique lorsque la caméra se plante devant le visage qui annonce fièrement que "99% de la population est inscrite au Parti". Ironie, dans la même scène, lorsque l'un des ado du village, se retrouvant devant une représentation fleurie du visage du Duce, se met à rêver d'un mariage avec la belle qui occupe son coeur.

     L'autre scène marquante et forte est celle où l'on voit tous les villageois se réunir, comme au tout début du film lorsqu'ils fêtaient l'arrivée du printemps, non plus pour allumer le feu de joie mais pour assister à un autre spectacle de lumière : l'apparition, furtive, du ferry qui fait la fierté nationale de l'époque, le Rex, dont les guirlandes de lumières le font apparaitre comme un phare dans la brume. Tous les habitants, occupants alors leurs barques, profitent de cette minute de joie, qui laisse pourtant un goût amer : la richesse passe et se met en scène mais elle s'enfuit tout aussi vite pour laisser place à la brume dans la ville de Rimini. Une brume envahissante qui rend les rues méconnaissable, terrain de nouveaux jeux pour l'esprit enfantin de Titta, incarnation, peut-être, du Fellini adolescent.

     Amarcord est un film riche, non seulement par les nombreuses "idées" qui y sont développées, mais aussi pour la richesse et la diversités des tons utilisés. Parfois, du comique pur, à d'autres moment de l'émotion et de la tristesse, ou encore simplement de l'attendrissement... on ne saurait réduire "Amarcord" à un seul point de vue. Et cette richesse là est bien sûr mise en avant par la musique de Nino Rota, couvrant diverses tonalités dramatiques ou humoristique, elle aussi. 

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